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CATHERINE MULLER A PRIS, EN DÉCEMBRE DERNIER, LA PRÉSIDENCE DE L'UNEP - LES ENTREPRISES DU PAYSAGE, À L'OCCASION DU SALON PAYSALIA. « Jardins et espaces verts sont un enjeu sociétal des villes de demain »

PHOTO : STÉPHANE GRANGIER

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Quels sont vos objectifs à la tête de l'Unep ?

La stratégie que j'ai engagée compte trois chantiers prioritaires. En premier lieu, promouvoir la diversité des entreprises du paysage et de leurs marchés pour une reconnaissance plus large de nos savoir-faire. Dans un deuxième temps, il nous faut apporter de la valeur ajoutée aux clients de nos entreprises en accompagnant toujours plus les acteurs du secteur vers la professionnalisation de leurs pratiques. Cela passe par l'innovation et l'appropriation, par tous, des règles professionnelles du paysage. Enfin, j'ai décidé de renforcer l'action en faveur de la biodiversité et du développement durable. La mise en oeuvre des actions nécessaires pour répondre à ces priorités permettra de faire de nous des acteurs incontournables de l'économie verte. C'est un projet à construire avec les différents acteurs de la filière, en particulier les pépiniéristes.

Où en est votre organisme ?

Sous la présidence d'Emmanuel Mony, le nombre d'adhérents avait augmenté de 25 %. Mon ambition est d'enregistrer la même croissance pour faire de l'Unep l'interlocuteur référent aussi bien auprès des pouvoirs publics et partenaires que des entreprises. L'organisation en unions régionales nous permet d'entretenir des relations de proximité avec nos adhérents. L'action en région a d'ailleurs récemment été renforcée par l'arrivée d'une directrice de réseau en charge d'animer et de coordonner le travail des délégués régionaux. Mais notre force repose également sur l'investissement bénévole de nos adhérents. Concernant les parties prenantes du secteur, j'ai rencontré, depuis le début de mon mandat, les diverses fédérations avec lesquelles nous travaillons depuis longtemps (FNSEA, FNPHP, FFP, Hortis...) ou celles avec lesquelles nous pourrions échanger davantage (FNB, FNTP), les syndicats de salariés, les partenaires (MSA, Agrica, etc.) et les interprofessions dont Val'hor. En accord avec notre objectif de renforcement de la formation et de la professionnalisation, nous venons d'ouvrir l'adhésion aux établissements de formation aux métiers du paysage.

Quels sont les autres grands dossiers en cours ?

Nous sommes très présents pour faire avancer les critères RSE (responsabilité sociétale des entreprises) dans les marchés publics et très vigilants sur les dossiers des produits phytosanitaires. Nous défendons bien sûr notre affiliation à la MSA. Enfin, nous condamnons le statut d'auto-entrepreneur, qui est contradictoire avec l'ambition de tirer la profession vers le haut en termes de qualité et de qualification. Parmi les dossiers importants pour la profession : celui de la représentativité. Dans l'objectif d'asseoir notre représentativité sur le secteur des entreprises du paysage, un accord a été signé avec la FNSEA, fixant la reconnaissance par nos deux structures de nos champs d'activités respectifs. Nous venons également d'aboutir à la signature d'un protocole avec les autres familles patronales de la branche agricole pour optimiser le dialogue, avoir des positions communes et être entendus du gouvernement. Autre projet d'envergure : après la publication de la quatorzième règle professionnelle (seize autres sont en cours de relecture), nous nous attelons à leur diffusion et à leur appropriation. Tenant lieu de cadre technique de référence, elles garantissent le professionnalisme des acteurs du paysage et la qualité de leurs services, tout en valorisant leurs savoir-faire. Enfin, nous repositionnons Expert Jardins, notre marque grand public, pour la rendre à la fois plus attrayante pour nos adhérents et plus visible du public.

Quel bilan peut-on tirer de l'augmentation de la TVA sur les prestations des entreprises de services ?

Un an après l'augmentation, selon les prévisions envisagées, les professionnels concernés ont enregistré une diminution d'un tiers de leur activité. Pourtant, les entrepreneurs du paysage ont en majorité préféré diminuer leurs marges plutôt que licencier : la quasi-totalité (96 %) a maintenu ses effectifs. Mais nous venons de sortir, au 1er juillet 2014, de la période transitoire pendant laquelle, sous certaines conditions, nous pouvions maintenir un taux de TVA réduit. C'est donc réellement l'année prochaine que les conséquences de la hausse pourront être visibles.

Comment expliquez-vous le désarroi actuel de la production horticole française ?

D'un point de vue technique, elle n'a pas à rougir de ses résultats et de ses compétences. Les gammes proposées par nos pépiniéristes sont très larges et les capacités de production importantes et à même de couvrir la plupart des besoins nationaux en fourniture de végétaux. N'oublions pas non plus qu'une bonne partie de la production européenne de pépinière est issue de jeunes plants nés et élevés en France. Le secteur souffre depuis plusieurs années d'une crise de confiance et doit sans doute se remettre en question pour surmonter les multiples a priori et contrer les habitudes d'achat à l'étranger, aujourd'hui assez ancrées. La FNPHP nous a invités récemment à partager sur ces questions. Nous avons pu exprimer nos attentes et les difficultés que nous rencontrons sur le sujet dans la mesure où nous n'avons pas toujours la maîtrise du choix du fournisseur, souvent prévu en amont par le maître d'oeuvre ou même d'ouvrage. Nous avons pu également inviter les producteurs à développer leurs démarches commerciales et leur présence systématique dans tous les rendez-vous professionnels, à l'image de leurs concurrents européens, afin de faire valoir leur savoir-faire et la qualité de leur production pour créer d'autres réflexes d'achat.

Comment imaginez-vous l'avenir de la profession ?

L'évolution principale est la place que prennent la biodiversité et la problématique phytosanitaire. Si le besoin et les bénéfices du « vert » ne sont plus à démontrer et que la montée en puissance de la demande sociétale est bien réelle, il reste à poursuivre le travail d'explication auprès des élus et à aider nos entreprises à monter en compétence sur ces questions. Cela s'effectuera grâce aux règles professionnelles, mais aussi à l'aide de formations sur lesquelles nous sommes en train de réfléchir. Elles s'adresseraient aux différents publics : entreprises du paysage bien entendu, des ouvriers aux chefs d'entreprise, et maîtres d'oeuvre et d'ouvrage. Même si la conjoncture est extrêmement compliquée, je suis optimiste pour l'avenir du secteur car les jardins et les espaces verts sont un enjeu sociétal des villes de demain.

Propos recueillis par Pascal Fayolle

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